Quand les jours raccourcissent et que l’air se charge d’humidité, le cheval entame, sans qu’on ait besoin de lui souffler mot, sa grande mue d’automne. Son corps sait que l’hiver approche. Mais comment perçoit-il ce changement? Et quel mystérieux signal déclenche cette transformation?
L’automne s’installe doucement, avec ses caprices de température : un jour presque estival, le lendemain déjà piquant de fraîcheur. Cette valse imprévisible des degrés est sans doute l’un des moments les plus délicats de l’année pour le cheval. Habitué aux chaleurs estivales, il doit désormais composer avec les brouillards du matin, la pluie battante et le froid qui s’annonce. Son corps, lui, entre dans une mécanique implacable : il abandonne peu à peu la légèreté du poil d’été pour entamer une mue énergivore, parfois spectaculaire, parfois plus subtile. Cette transition lui demande une énergie considérable pour se débarrasser de son manteau estival et tisser, fil à fil, la toison protectrice qui le gardera au chaud durant l’hiver. Mais comment sait-il qu’il est grand temps de préparer son manteau d’hiver? Et non, ce n’est pas le ressenti du froid qui déclenche la mue! C’est bien plus subtil…
Ce n’est pas le froid qui déclenche la mue
Contrairement à ce que l’on imagine souvent, ce ne sont pas les premières piqûres de froid qui donnent le signal à l’organisme du cheval. Le déclencheur est bien plus subtil, presque imperceptible à nos yeux. Car l’animal ne réagit pas à la température, mais à la lumière. Dès que les jours raccourcissent, son horloge interne s’éveille : un message silencieux parcourt son corps – l’hiver approche. Le processus peut alors s’enclencher, doucement mais sûrement, le temps que le poil d’hiver, plus dense et plus long, prenne sa place.
Ce phénomène, appelé photopériode désigne la durée d’exposition à la lumière du jour. C’est cette photopériode qui orchestre la transformation bien avant que le froid ne s’installe réellement. Si le cheval attendait la chute du thermomètre, il serait pris de court. Alors, son organisme anticipe : lorsque les jours durent moins longtemps et que, par conséquent, le cheval passe moins de temps à la lumière du jour, une réaction hormonale envoie le signal de départ et la mue se met en marche.
On distingue généralement deux grandes mues dans l’année : celle du printemps et celle de l’automne. Pourtant, il en existe une troisième, plus discrète. En été, le cheval renouvelle légèrement sa robe, influencé par les lourdes chaleurs lors de canicules ou par un changement hormonal, comme une respiration subtile entre deux saisons.

Comment l’organisme s’organise-t-il?
Mais que se trame-t-il réellement à l’intérieur de l’organisme du cheval lorsque vient le temps de muer ? En vérité, plusieurs mécanismes subtils s’enclenchent. La baisse de luminosité déclenche une production accrue de mélatonine – cette même molécule qui, chez l’humain, favorise le sommeil, mais dont le rôle, chez le cheval, englobe aussi la mue, et calme les chaleurs durant l’hiver. C’est la glande pinéale, nichée au cœur du cerveau, qui orchestre cette production. Lorsque les jours raccourcissent, elle intensifie la sécrétion de mélatonine, envoyant au corps le message d’activer certains processus, dont la mue. Le poil d’hiver, plus long et plus dense, forme alors une barrière isolante et se fait gouttière naturelle contre la pluie et la neige.
Cette transformation demande une grande dépense d’énergie : l’organisme puise davantage dans ses réserves et peut accuser quelques carences passagères. Fatigue, pelage terne ou vitalité en berne en sont souvent les signes. D’où l’importance de soutenir le cheval avec une alimentation enrichie en vitamines et minéraux – zinc, biotine, cuivre, et acides gras oméga 3, 6 et 9, que l’on trouve notamment dans l’huile de lin. Une cure ciblée aide ainsi à renforcer le système immunitaire et à accompagner le cheval dans cette phase de transition.
Autres astuces pour aider son cheval durant la mue
Le pansage reste l’un des gestes les plus simples et les plus efficaces pour accompagner son cheval durant la mue. Munissez-vous d’une étrille, qu’elle soit en plastique ou en métal, et travaillez en grands cercles énergiques sur tout le corps. Ce rituel a plusieurs vertus : il aide d’abord à éliminer le poil d’été qui tombe par poignées, soulageant ainsi l’animal de cette lourde couverture devenue inutile. Mais ce n’est pas tout : ces mouvements circulaires stimulent la circulation sanguine, favorisant la repousse du poil d’hiver. En somme, plus que jamais à cette saison, on panse sans répit !
À l’automne, les écarts de température peuvent être spectaculaires : un léger gel au petit matin suivi de 15 degrés sous le soleil de l’après-midi. Ces variations brusques sont difficiles à gérer pour le cheval. Après l’été, son organisme n’est plus habitué au froid. Un retour soudain des fraîcheurs peut ainsi provoquer quelques désagréments : nez qui coule, toux, refroidissement, voire coliques. Plus la transition est brutale – comme une sortie matinale du box vers un air vif – plus l’animal risque de peiner à s’y adapter. Pour limiter ce stress, l’idéal est d’habituer progressivement le cheval au froid. Une couverture légère lors des heures les plus fraîches, ou un ajustement des horaires de sortie, peuvent grandement l’aider.






